AMERIC D’ESTIENNE D’AMERIC ET LE SIEGE DE MONTPELLIER DE 1622
![Siège_de_Montpellier___[estampe]__btv1b8401891z copie Gravure représentant le Siège de Montpellier de 1622](https://aadm34.fr/wp-content/uploads/2025/03/Siege_de_Montpellier___estampe__btv1b8401891z-copie-1.jpeg)
Gravure représentant le Siège de Montpellier de 1622
La gravure est orientée vers le midi.
Le « Logis du Roy » cerclé en violet est au Mas de Méric.
On reconnait le fleuve Lez à gauche, près du Mas de Méric et la rivière Verdanson, au nord de Monpellier.
Veritable portraict du Siege de Montpellier
Gravure (1623)
BnF, Estampes, RESERVE FOL-QB-201 (22)
http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb415011647
LE PREMIER CONSUL AMERIC D’ESTIENNE D’AMERIC
ET LE SIEGE DE MONTPELLIER DE 1622
- Contexte historique et nomination d’Americ d’Estienne d’Americ
Au début du XVIIe siècle, la France est marquée par de violents affrontements entre catholiques et protestants, notamment en Languedoc. Montpellier, bastion protestant, joue un rôle central dans ces conflits. En 1622, lors des guerres de religion, la ville se prépare à résister aux assauts des troupes royales de Louis XIII.
Americ d’Estienne d’Americ, issu d’une famille noble et influente, est nommé premier consul de Montpellier le 1er mars 1622. Sa mission est de défendre la ville contre l’armée royale tout en maintenant l’ordre interne. Son accession au pouvoir coïncide avec l’arrivée du duc de Rohan, chef militaire des protestants en Languedoc. D’Americ devient alors un intermédiaire clé entre la municipalité et les forces protestantes.
- Réformes et organisation de la défense de la ville
Dès son entrée en fonction, d’Americ met en place une série de réformes administratives et militaires pour organiser la défense de Montpellier :
- Renforcement des fortifications : construction de bastions, réfection des remparts et mise en place de défenses stratégiques.
- Organisation des ressources : négociations avec la faculté de médecine pour garantir des soins aux blessés, création de réserves alimentaires et mise en place de moulins à bras pour compenser la perte des moulins à eau.
- Mobilisation générale : toute la population, y compris les femmes, est appelée à contribuer aux efforts de défense, sous peine de sanctions.
- Création du Conseil de direction, un organe fusionnant les pouvoirs municipaux et religieux pour garantir une prise de décision rapide et efficace.
En parallèle, d’Americ doit gérer les tensions internes avec les catholiques de la ville, considérés comme un facteur de risque en cas de siège. Certains catholiques, soupçonnés de sympathies royalistes, voient leurs maisons réquisitionnées pour loger les troupes protestantes.
- Le siège de Montpellier et la résistance de la ville
Le siège de la place forte protestante de Montpellier par l’armée royale de Louis XIII dura de fin août au 19 octobre 1622. C’est un des principaux événements de la 1re rébellion protestante du début du XVIIe siècle.
Contexte
Louis XIII cherchait à réaffirmer son autorité sur le royaume, après sa minorité et la régence de sa mère Marie de Médicis. Plusieurs régions protestantes de France, encouragées par le prince protestant Henri de Rohan, refusèrent de reconnaître la souveraineté du roi catholique, aussi le jeune souverain entreprit-il en 1619 de les soumettre à nouveau à l’autorité royale, par la force si nécessaire. En 1621, il commença par attaquer les places-fortes du Sud-Ouest, en Béarn et assiégea Montauban sans succès.
En 1622, Louis XIII résolut d’entreprendre la pacification de son royaume. Après avoir traversé le Poitou, l’Aunis, le Saintonge, l’Aquitaine et le Languedoc, sa chevauchée l’amène devant Montpellier qui était une des principales villes et places-fortes protestantes de France, il était donc inévitable que le roi s’attaque à elle un jour ou l’autre.
Le siège
Le 31 août, après l’encerclement total de Montpellier, le Roi venant de Béziers établit son quartier général au Mas du consul Améric Estienne d’Americ près de Castelnau, au nord de Montpellier, d’où il pouvait voir, à la longue vue, les remparts de ville et les travaux d’approche de ses troupes.
C’est Estienne d’Americ et le baron de Calonges, gouverneur de la ville, qui menèrent avec vigueur la défense de Montpellier. Si bien que ce siège, que Louis XIII voulait expéditif, se prolongea finalement pendant 7 semaines et s’acheva sur un statu quo.
Le 2 octobre, les Montpelliérains furent capables de soutenir trois attaques de 5 000 soldats royaux. Les combats laissèrent de 300 à 400 morts dans le camp royal. Pendant ce temps le campement des assiégeants souffrait d’une épidémie et commençait à se trouver à court de vivres. Si bien que les effectifs fondaient, comme le régiment de Berry qui était réduit de 1 500 à 600 hommes.
Il fallut rappeler le duc de Vendôme qui guerroyait, sans succès, en Haute-Guyenne ainsi que le connétable de Lesdiguières qui arriva le 7 octobre avec 6 régiments.
Le Roi se vit alors à la tête d’une armée de 20 000 hommes avec laquelle il pouvait réduire la cité rebelle malgré l’arrivée, le 8 octobre, d’une armée de secours de 4 000 vétérans commandée par Rohan qui aurait pu quand même engager le combat, mais il désirait négocier car il commençait à manquer de soutiens dans son entreprise.
Fin du siège et conséquences
Pour Louis XIII comme pour Rohan, assez de sang français avait été répandu. Lesdiguières, nouvellement converti au catholicisme, fut chargé de négocier la paix avec Henri de Rohan qui vint le 10 octobre s’agenouiller devant Louis XIII et lui demander pardon d’avoir porté les armes contre son service.
Les Montpelliérains acceptèrent, également, de faire amende honorable, et le roi leur accorda son pardon, ce qui mena à la signature de l’édit de Montpellier le 19 octobre, dans lequel le roi confirme les dispositions de l’édit de Nantes, mais les Huguenots acceptent le démantèlement des fortifications de Montpellier, Nîmes et Uzès.
Louis XIII entra finalement dans la ville le 20 octobre, tête nue et désarmé. Les troupes royales y pénétrèrent à leur tour, l’occupèrent malgré la promesse royale et commencèrent à démanteler les fortifications.
La citadelle de Montpellier fut construite deux ans plus tard pour assurer le contrôle de la cité.
- La fin du mandat de d’Americ et ses dernières actions
Après la signature de la paix, d’Americ continua à défendre les intérêts de Montpellier et du parti protestant. Lors des États de Languedoc à Beaucaire en novembre 1622, il représenta la ville auprès du roi, mais son discours fût marqué par la tension et l’embarras.
En janvier 1623, il proposa l’envoi d’une délégation auprès du roi pour s’assurer du respect des engagements pris. Il obtint également du conseil municipal une protection juridique pour lui-même et ses collègues contre d’éventuelles représailles.
- L’héritage de d’Americ
Si son destin personnel après son mandat reste flou (il pourrait avoir quitté la ville), son rôle demeure essentiel dans l’histoire de Montpellier. Longtemps oublié, il est aujourd’hui reconnu comme un administrateur efficace et un leader courageux ayant su mobiliser la population face à une menace militaire majeure.
Son engagement pour la cause protestante et la défense des libertés municipales en fait une figure clé des guerres de religion en Languedoc.