TABLEAUX MAJEURS DE F. BAZILLE
LA REUNION DE FAMILLE

Frédéric BAZILLE
LA REUNION DE FAMILLE (1867)
Huile sur toile, 152 × 230 cm, Musée d’Orsay RF 2749, Paris.
Photo Shonagon 2022-07-15
Un portrait de famille
Ce portrait de groupe, commencé au cours de l’été 1867, représente la famille du peintre sur la terrasse de la résidence familiale de Méric, près de Montpellier. Six femmes et cinq hommes posent. Presque tous regardent vers le spectateur. Bazille a donc résolument choisi le portrait et n’a pas voulu saisir un instant de vie familiale avec sa spontanéité.
En parcourant le tableau de gauche à droite, les personnages suivants apparaissent :
- Frédéric Bazille lui-même, debout et très en retrait ;
- son oncle Gabriel des Hours-Farel, debout ;
- sa mère, née Camille Vialars, assise sur le banc ;
- son père Gaston Bazille, assis sur le banc ;
- Émile Teulon-Valio, debout à côté du tronc d’arbre ;
- Son épouse qui lui donne le bras, Pauline des Hours-Farel, cousine de Frédéric Bazille ;
- Adrienne des Hours-Farel, née Vialars, épouse de Gabriel et sœur de Camille Vialars, assise à la table ronde, portant un chapeau ;
- Thérèse des Hours-Farel, fille d’Adrienne et cousine de Frédéric Bazille, assise à la table ronde ;
- Marc Bazille, frère de Frédéric, le long du muret ;
- Suzanne Tissié, épouse de Marc Bazille ;
- Camille des Hours-Farel, autre cousine de Frédéric Bazille, assise sur le muret.
La famille des Hours-Farel, souvent citée, appartient à la noblesse protestante du Languedoc. Gabriel des Hours-Farel (1822-1872) avait épousé Adrienne Vialars (1827-1899) et Gaston Bazille (1819-1894), père du peintre, avait épousé la sœur d’Adrienne, Camille (1821-1908). La mère de Frédéric Bazille est décédée à l’age de 87 ans.
Un portrait novateur de la bourgeoisie
Voici une famille bourgeoise dans son lieu de villégiature. La hiérarchie apparaît clairement. Le père, Gaston Bazille, assis les jambes croisées, ne regarde pas vers le spectateur contrairement à tous les autres personnages. Il s’autorise une pose décontractée et l’autorité apparaît sur son visage. Dans cette résidence de Méric, il est le chef de famille et son fils l’a présenté ainsi sans la moindre ambiguïté.
Placer sa famille en plein air, avec la luminosité propre au pourtour méditerranéen, permet à Bazille d’accorder une importance majeure aux effets d’ombre et de lumière. Le grand arbre sous lequel la famille est installée laisse passer des rayons de soleil qui doivent apparaître sur le sol et les vêtements. Cet exercice sur la lumière est l’une des préoccupations majeures des débuts de l’impressionnisme.
VUE DE VILLAGE

Frédéric Bazille, « Vue de village »
1868
137,5 × 85,5 cm
Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole
VUE DE VILLAGE
Ce chef-d’œuvre de Frédéric Bazille, un des emblèmes forts du musée Fabre, fut réalisé par l’artiste durant l’été 1868 pendant son séjour dans la propriété du domaine de Méric, aux portes de Montpellier. Bazille a souvent fait poser ses proches dans cette résidence estivale : d’après la tradition familiale, il fait poser ici la fille du métayer italien de ses parents, assise à même le sol sous un pin parasol, à contre-jour, ayant revêtu pour l’occasion une robe de fête de mousseline blanche à fines rayures roses.
Elle regarde gravement le peintre ; au-dessous d’elle, on distingue les méandres paresseux de la rivière, le Lez, et dans le fond, le village de Castelnau et le clocher roman de l’église Saint Jean-Baptiste. L’ombre rafraîchissante du premier plan avec les verts intenses de la végétation, la coulisse savamment calculée du pin à droite magnifient le paysage urbain construit dans la lumière qui préfigure déjà Paul Cézanne.
Le tableau frappe par son extraordinaire luminosité et la splendeur de la palette colorée : les rouges éclatants du ruban et de la large ceinture, les noirs profonds de la chevelure, du ras-du-cou, le blanc cotonneux de la robe travaillée en glacis délicats resplendissent dans cet écrin de verdure, d’ocre et de bleu délavé. Une touche ferme et solide, qui ne cède jamais comme chez Claude Monet aux tentations du flou et de l’imprécis, parvient, presque miraculeusement, à restituer les sensations délicieuses de l’instantané.
Berthe Morisot admire l’œuvre présentée au Salon de 1869 et écrit en termes louangeurs à sa sœur Edma le 5 mai : « Le grand Bazile [sic] a fait une chose que je trouve fort bien ; c’est une petite fille en robe très claire assise à l’ombre d’un arbre derrière lequel on aperçoit un village ; il y a beaucoup de lumière et de soleil. Il cherche ce que nous avons si souvent cherché : mettre une figure en plein air et cette fois-ci, il me paraît avoir réussi. »
Source : Musée Fabre de Montpellier